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Chassez le Naturel, il revient à Paris !

Chassez le Naturel, il revient à Paris !

Connaissez-vous ce lieu extraordinaire : le Musée de la Chasse et de la Nature ? Quand Julie les y invite, Les Croqueuses lui avouent toutes humblement n’y avoir jamais mis les pieds – y compris les Parisiennes les plus anciennes d’entre elles, écumeuses de musées s’il en est !

Mais peut-être faites-vous, comme nous, un peu d’allergie à la « chasse » et ce mot, dans l’intitulé du musée, vous repousse-t-il ? Rien de plus naturel… 😉 Alors, s’il vous plaît, tentez de passer outre. Certes, vous y verrez des collections entières de fusils magnifiquement ouvragés. Certes, vous  y rencontrerez des animaux transformés en tristes trophées. Cependant, vous allez aussi découvrir deux splendides hôtels particuliers du Marais (de Guénégaud et de Mongelas) ainsi qu’une muséographie très étonnante, mêlant avec malice les œuvres contemporaines d’artistes « invités » (en ce moment Gloria Friedman et Miguel Branco) aux collections permanentes. Vous aimerez – c’est sûr ! – ouvrir mille et un tiroirs. Vous serez surpris par certains détails, inattendus, et amusés par les petites touches d’humour semées dans la scénographie… Le tout sous l’œil fort bienveillant de gardiens sympathiques et impliqués ! (Voir ce très bel article.)

Extraordinaire ? Étonnant ? Plein d’humour et de surprise ? Oui oui, vraiment ! Et la richesse de la programmation, interdisciplinaire (philosophie, éthologie, art, littérature, histoire…) et parfois décalée, en témoigne également. Pour preuve, cette « Fête de l’Ours » qui y avait lieu récemment…

La revue Billebaude, coéditée par Glénat et la Fondation François Sommer (fondateur du musée) depuis 2012, est le support de toutes les réflexions auxquelles nous invitent ces événements foisonnants.

Elle tisse des liens entre le monde de la recherche, de l’art et celui de la gestion de l’environnement autour des enjeux de conservation de la nature. Consciente que la crise écologique et économique invite à recomposer un nouveau savoir où la science dialogue avec la culture et la gestion avec les pratiques et savoirs traditionnels, la revue fonctionne comme un laboratoire d’idées et d’échanges.
Sans militer pour un bon usage de la nature, Billebaude cherche à révéler les paradoxes de la société contemporaine marquée à la fois par une sensibilité croissante à la nature et une méconnaissance pratique de plus en plus grande du fonctionnement des écosystèmes.

En résumé : encore un endroit passionnant, où traquer les idées brillantes, où suivre toutes sortes de pistes et où le braconnage (au crayon) est permis… À explorer sans peur, sans reproche, ni retenue !

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Ma troisième adresse… le Musée de la Chasse et de la Nature.

En effet, dit comme ça, je comprends que Les Croqueuses aient été sceptiques. Pour ma part, je n’ai aucune passion pour la chasse, les armes ou les animaux empaillés ! J’ai découvert ce musée en voulant voir une exposition temporaire, consacrée à Françoise Pétrovitch (dédicace à Aurélie qui, comme moi, l’a eue comme professeure de gravure).

L’exposition était excellente et très cohérente avec le lieu. J’ai adoré l’idée d’aller à la recherche des œuvres, éparpillées partout dans le musée, et l’ambiance « cabinet de curiosité ». Un de mes recoins préférés est d’ailleurs la petite salle au plafond « chouettes », que Les Croqueuses ont photographié ! 🙂

Julie Auzillon

Le pari d’Adeline

Le pari d’Adeline

Ce matin-là, sur l’invitation de Julie, Les Croqueuses avaient rendez-vous au 54 boulevard Richard Lenoir – c’est-à-dire chez Adeline Klam, superbe boutique dédiée aux tissus et papiers japonais. Adeline elle-même n’était pas là, préparant un Salon, mais son mari nous attendait pour la visite. Il a ouvert le magasin une heure en avance, rien que pour nous. La classe, non ? 😉

Ce lieu est le fruit d’une longue histoire, car Adeline a d’abord été installée ailleurs, dans le 16ème arrondissement. Après des études d’arts appliqués (section impression textile) à l’École Duperré, elle s’oriente finalement vers la photographie de mode et de mariage. Mais, en parallèle, elle continue de coudre, coller, plier, fabriquer toutes sortes de jolies choses dans son mini-atelier qu’elle ouvre ponctuellement, puis de plus en plus souvent, pour des ventes. Au fil des ans, cette activité prendra trop d’ampleur pour pouvoir demeurer dans le petit local d’origine et cette boutique du 11ème arrondissement voit le jour, après de gros travaux : un beau pari !

Tout y est tellement joli, frais, pimpant… on pourrait croire que le printemps est arrivé. Une fois nos affaires déposées dans l’espace « ATELIER » – Adeline en anime régulièrement – on a envie de tout dessiner. Voire de tout acheter. (N’est-ce pas, Fabienne ? ^^) Si vous passez dans le quartier, la boutique est ouverte du lundi au samedi de 11h à 19h… et si vous être décidément trop loin, pour vous, la magie du Net a fait ça !

Les Croqueuses adressent un grand « MERCI » à toute l’équipe de la boutique pour son accueil, sa confiance et sa disponibilité – avec une mention spéciale à Barbara pour son aide amicale. 😉 Allez, assez de bla-bla, place aux images !

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Difficile de choisir « seulement » trois jolies adresses à Paris !

Pour la première, j’ai eu envie de partager ma passion du papier avec Les Croqueuses. J’ai ouvert mon « Paris Paper Tour » et suis vite tombée sur l’adresse idéale : la boutique d’Adeline Klam…

Je savais qu’elles trouveraient le lieu inspirant. Entre les motifs des papiers et des tissus, les objets japonais et la boutique elle-même, il y a de quoi faire !

J’ai connu Adeline grâce à un ami commun qui nous a mises en contact : elle cherchait quelqu’un pour fabriquer ses albums photos. Comme on dit, le hasard fait bien les choses. 🙂

J’ai donc la joie de travailler régulièrement avec ses magnifiques papiers japonais… dont je garde précieusement la moindre petite chute !

Julie Auzillon

À Paris, Noël est au Printemps

À Paris, Noël est au Printemps

Déjà décembre. Pour Les Croqueuses, voilà venue l’heure du dernier rendez-vous de l’année, l’occasion de fêter dignement l’arrivée officielle de notre quatrième pinceau ! Alors, quel arrondissement choisir ? Dans quel quartier aller promener nos carnets afin de croquer Noël à Paris ? Celui des « Grands Magasins » bien sûr – celui des foules d’enfants, nez collés aux vitrines !

Le ciel est d’un bleu splendide : nous pourrons croquer dehors. Mais d’abord, admirons ces fameuses vitrines. Savez-vous que ce spectacle rituel revient chaque année depuis plus d’un siècle ? Et qu’elles sont toutes – celles du Printemps comme celles des Galeries Lafayette ou du Bon Marché – animées par un seul et même homme depuis 1972, le marionnettiste Jean-Claude Dehix ? Finalement, trois d’entre nous choisissent de traverser le boulevard. Le trottoir d’en face nous offre un beau point de vue sur l’architecture exceptionnelle du Printemps Haussmann, signée Paul Sédille (en 1883) puis René Binet (en 1905).

Fondée près de vingt ans plus tôt par deux anciens employés du Bon Marché, le Nivernais Jules Jaluzot et son associé Jean-Alfred Duclos, l’entreprise se tenait au départ sur trois étages d’un immeuble ordinaire. Mais en 1881, son incendie est l’occasion de construire le « grand » magasin que l’on connaît tous aujourd’hui. Celui-ci fut le premier bâtiment commercial entièrement éclairé par l’électricité, six ans avant les rues de Paris ! C’était une telle révolution technique que « l’usine électrique » était exposée derrière une vitre à l’entresol, afin que les clients puissent l’admirer. Premiers ascenseurs, premiers escaliers roulants, principe des soldes récurrents, connexion directe avec métro… le Printemps s’est toujours montré innovant.

Mais où est donc passée notre quatrième Croqueuse ? Elle s’est réfugiée bien au chaud, dans l’une des jolies entrées rondes, pavées de mosaïque : elle y peint le sapin. Nos premiers dessins terminés, nous la rejoignons pour monter jusqu’au 6ème étage. Une autre merveille architecturale nous attend à la Brasserie Printemps

Si vous n’êtes pas du genre blasé-revenu-de-tout et que vous n’y avez encore jamais mis les pieds, préparez-vous à rester un moment le nez en l’air, totalement ébloui : le restaurant est installé sous une verrière extraordinaire. Par chance – ou par bienveillance envers ses clients – la brasserie a installé des miroirs sur ses tables. Grâce à eux, vous éviterez donc un bon torticolis ! Créé par l’atelier Brière en 1923, cette coupole monumentale est composée de 3125 panneaux de vitrail, tous numérotés. Leur verre soufflé et martelé, dit Muffled, a été fabriqué spécialement pour cette commande. On est immédiatement frappé par la grande variété des nuances de bleu et de vert, respectivement au nombre de 7 et 10. En 1939, les grands magasins parisiens durent déposer leurs vitraux pour les mettre en caisses. Beaucoup ne seront jamais remontés… Par bonheur, ceux de la coupole Charras le furent, en 1973, par le propre petit-fils de l’artisan qui les avait créés.

Mais la beauté du plafond ne doit pas nous faire oublier celle qui nous attend dans l’assiette ! Sachez, lorsque vous regarderez nos photographies publiée plus bas, que chacun des plats goûtés ce jour-là – burrata à la truffe, cocktail de crevettes, ravioles du Dauphiné, fricassé de volaille, Paris-Brest et crème brûlée – se révèlera aussi bon que beau… avec une mention spéciale +++ pour les desserts, à la fois très copieux et vraiment délicieux. (Pour tout vous dire, je ne suis pas portée sur le sucré, mais le praliné de ce Paris-Brest… Oh, mon dieu !) Grâce à la gentillesse remarquable de toute l’équipe, nous avons pu découvrir le menu de fête Rêve de Noël et le petit salon « Montmartre », qui peut se réserver pour diverses occasions. (La brasserie elle-même est très régulièrement privatisée pour des événements.) Vous nous avez chouchoutées, merci encore et de tout cœur pour votre accueil !

Enfin, nous grimpons au 9ème étage du Printemps Beauté. Sa terrasse est l’un des plus beaux points de vue de la capitale. Fin de l’après-midi : le soleil qui flambe joue à cache-cache avec la Tour Eiffel et doucement se couche sur le camaïeu gris des toits. Le bleu du ciel s’habille de rose, de mauve… et nous admirons le spectacle ensemble – crayons toujours en mains, bien sûr. 🙂

Merci Paris pour ces merveilles… et bonnes fêtes à tous ! ♥

Paris est un Comptoir

Paris est un Comptoir

Mais pas n’importe lequel – attention ! Pas un petit parmi tant d’autres, pas un qui se la pète en vitrine, pas un modeste pour autant – oh non ! Celui-ci est immense, planqué, unique et décalé… C’est Le Comptoir Général.

Le Comptoir Général a le tropique joyeux et l’exotisme chevillé au décor. Il voue un culte détendu aux ailleurs et a choisi de voir s’épanouir son goût des autres à sa manière : en vous proposant le meilleur des cultures exotiques. Il est à la fois un espace de vente de biens et de services qui ont la diversité pour dénominateur commun et un lieu d’échanges consacré aux cultures en marge, à leur part d’audace, d’étrangeté, de beauté insolite. Pour vous servir et leur servir. Son approche est celle d’un comptoir, tel qu’il jalonnait la Route des Indes : approvisionnement à la source, accès à des produits autrement introuvables, sélectionnés pour leur histoire, leur sens, leur lien avec des communautés d’origine, souvent méconnues. (extrait du site)

Le Comptoir Général est installé dans une ancienne scierie – autrefois écurie – transformée avec art. Au fond d’une cour, on y accède par une longue allée, elle-même cachée derrière un portail anonyme au 80, quai de Jemmapes.

Le menu est écrit sur un tableau d’écolier. On y déjeune le midi ou on y prend juste un café, on y travaille ou on y joue, on y boit des cocktails ou on y brunche le dimanche, on y danse la nuit ou on s’y réunit…

Nous, Les Croqueuses, nous y avons dessiné bien sûr ! Des salons de bric et de broc et des bidons rouillés – le tout, pourtant, d’un charme fou. Comme un hôtel fantôme, ou un vieux music-hall abandonné, encore vibrants des ondes mystérieuses du passé.

S’il ne fallait choisir qu’un mot pour décrire cet endroit, ce serait sans doute « étonnant ». Voire « envoutant », une fois l’effet de surprise dissipé. À moins que « foutraque » ne lui convienne davantage ? Oh mais, à vous de juger par vous-même… (Et, pour d’autres adresses aussi insolites que ce fabuleux « comptoir », continuez de compter sur nous ! ^^)

Paris est un Passage…

Paris est un Passage…

…vers l’autre bout du monde. Vers un univers saturé d’odeurs, de saveurs, de couleurs. Vers un pays grand comme un continent. Aujourd’hui, Les Croqueuses vous emmènent en Inde : bienvenue passage Brady !

Mi-novembre. Il fait gris, ce matin-là. Et il pleut même un peu… Génial ! C’est le temps idéal pour aller croquer à l’abri, au milieu des fruits exotiques et des divinités hindoues, enivrées de musique et de parfums d’encens. Dès l’ouverture, nous poussons la porte de l’épicerie Velan, bien connue et appréciée de tous les Parisiens tombés sous le charme de l’Inde. Fondée dans les années 1970 par un homme originaire de Pondichéry, cette boutique est devenue, au fil des ans, une véritable institution.

Cinthia, pourtant bien occupée tantôt derrière la caisse tantôt dans les rayons, accepte que nous restions la matinée dans ses pattes, avec aquarelle et crayons. Nous trouvons chacune notre place et la séance commence. Aurélie choisit les fruits et légumes : il faut dire que l’étal qui s’installe sous ses yeux est de plus en plus alléchant. Véronique et Fabienne se glissent derrière le comptoir à bijoux, pour dessiner les guirlandes de fleurs et les présentoirs à statuettes. Anne, l’invitée du jour et finalement nouvelle recrue, a déniché la meilleure place : un tabouret face aux dieux et déesses…

Dessiner quelque part – quel que soit l’endroit – c’est se fondre dans le décor. Devenir transparent. Spectatrices immobiles et muettes, nous assistons à diverses petites saynètes qui en disent long sur la renommée du lieu. Les habitués entrent d’un pas décidé : ils cherchent quelque chose de précis (un mélange d’épices, une infusion particulière, une teinture pour cheveux bien spécifique) et savent qu’ils ne le trouveront qu’ici. D’autres clients, portant de gros sacs sur le dos ou tirant derrière eux des valises à roulettes, visitent l’épicerie comme un musée vivant. Comme nous, ils en prennent plein les yeux et repartent comblés, après l’achat d’un petit souvenir, souvent décoratif. Un guide y amène même un groupe, auquel il donne un cours d’hindouisme sous le nez de Shiva. Puis trois étudiantes en sociologie s’essaient à l’enquête de terrain… Peu importe. Tous sont les bienvenus, rares ceux qui sortent les mains vides !

« Mais des dessinatrices, là, c’est la première fois ! » nous taquine gentiment Cinthia lorsque nous la quittons. Ça, Les Croqueuses n’en sont pas peu fières… et remercient infiniment la jeune femme pour son accueil. Vous qui nous lisez, courrez-y. Même simplement pour un peu de dépaysement. Nous partageons l’avis de Ça mitonne : c’est une adresse incontournable. Et pleine de surprises ! Car vous y trouverez aussi bien du sirop d’érable que des achards créoles, des bougies à l’effigie de Jésus, de la vaisselle en métal rutilante et de nombreux produits de beauté – une deuxième boutique leur est même consacrée. Vous n’êtes pas à Paris ? Pas de problème, passez commande en ligne ! Par ailleurs, leur blog est passionnant. On y apprend qui est Velan, pourquoi – et si – les vaches sont sacrées en Inde ou encore d’où vient le bindi. Mais il semble que, désormais, les choses se passent plutôt sur leur page facebook.

Allez, avouons-le : croquer, ça creuse. Après deux heures de dessin non-stop, les odeurs s’échappant des cuisines alentour commencent très sérieusement à nous chatouiller les narines… Le passage de Pondichéry, juste en face de l’épicerie, nous fait de l’œil depuis un bon moment. Pourquoi résister à l’appel du naan ? Nous y sommes très gentiment reçues et régalées – cocktails de bienvenue (cadeau), thalis complets, desserts et thé (offert également) – pour moins de 10,00 € chacune ! Même Aurélie, la seule d’entre nous à être allée en Inde, n’a pas été déçue : les plats ont vraiment du goût, sans être trop forts non plus. Bref, l’adresse est à noter. D’ailleurs, Anaïs des Parisianavores est d’accord !

Enfin, difficile de quitter le quartier sans évoquer Le Brady – mythique cinéma de Jean-Pierre Mocky – qui fête ses 60 ans. Chaque année, de juillet à septembre, lui aussi vous offre le voyage avec son festival indien « L’été Bollywood ». Alors… பை பை நீங்கள் பிறகு பார்க்கலாம்! (Pai pai nīṅkaḷ piṟaku pārkkalām!)*

*« Au revoir et à bientôt ! » en Tamoul.  🙂

Paris est un Jardin Coréen

Paris est un Jardin Coréen

Où croquer pour profiter de l’automne ? Dans un jardin, bien sûr. Malgré le ciel repeint en gris par les nuages, les feuillages y flamboient. Et puisque Paris est un monde, nous décidons de partir en Corée.

Ce jardin se trouve au cœur d’un autre. Poétique, il invite à la rêverie. On y entre par la «porte du Paradis» (Pisemun) et les eaux du «petit étang qui purifie le Cœur» (Sesimji) reflètent la silhouette d’un joli temple. Puis la «cour de l’Harmonie» s’ouvre sur «l’escalier Céleste» (Aeyangdan) menant à la «terrasse de la Lune» (월대, Woldae). Quant à la «porte de l’éternelle Jeunesse» (Bullomun), elle offre la santé à qui la franchira pour accéder au pavillon de méditation (죽우정, Jukujeong) dont les couleurs, traditionnelles et vives, interpellent celles de Buren à la Fondation Louis Vuitton.

Et c’est justement ce dialogue que notre invitée a choisi d’interpréter. Car oui, c’est une grande première : aujourd’hui Les Croqueuses de Paris dessinent à quatre, telles des mousquetaires du crayon ! L’idée de partager certaines de nos sorties avec d’autres artistes est née dès la formation de notre trio. Croquer la ville sur le vif ensemble, c’est un peu comme improviser pour des musiciens. De temps en temps, un nouvel instrumentiste se joint au groupe et fait le bœuf. Nous aimons l’échange, le collectif… et il y a tant de croqueurs de talent ! Alors, voici la première d’entre eux : l’aquarelliste Patricia Allais-Rabeux.

Aller chercher l’inspiration dans la rue. Un crayon, un papier, c’est aussi le moyen de prendre son temps, de respirer l’ambiance, de mémoriser l’impression de l’instant, et de le partager avec les personnes rencontrées. Les choses bougent vite, de sorte que la quête d’inspiration est à chaque déambulation renouvelée. Chaque promenade est unique. Mes aquarelles sont l’histoire de cette quête, d’une promenade où chaque humeur du temps offre un regard nouveau.

La technique de Patricia est très au point. Sur place, elle capte l’ambiance, glane des éléments, croque au stylo et prend quelques clichés. De retour à l’atelier, elle imprime ses photographies, les découpe et recompose avec elles une image idéale – patchwork sensible – de cet instant passé. Ensuite, elle dégaine ses pinceaux pour la fixer. (Elle écrit, aussi : lisez le post-scriptum !)

Partager cette déambulation créative au Jardin d’Acclimatation fut un pur bonheur pour nous toutes. Et dire que nous avons déjà nos trois invités suivants… Vivement la prochaine sortie !  🙂

{ POST-SCRIPTUM }

J’ai mal dormi, j’ai toussé et transpiré toute la nuit.

« Alors tu vas mieux ?

– Nooonnnnnn…

– Tu étais tellement contente d’aller faire cette journée, tu devrais rester au chaud… vu l’état où tu es.

– Nooonnnn !

Je me lève d’un coup, ma tête tourne. J’y vais c’est tout. J’embarque la sacoche du carnettiste, j’y ajoute les aspirines, le sirop et les mouchoirs. Ligne C du RER, c’est long quand tu renifles. Je n’ai pas faim, mais il faut que je prenne des forces, je fais la queue dans un resto rapide qui n’en a que le nom. Les Croqueuses de Paris sont déjà attablées. Cela me fait tellement plaisir de participer à cette journée, que je recouvre quelques forces. Un grand merci à elles trois de m’avoir invitée.

Le Jardin d’Acclimatation ressemble toujours à celui de mes souvenirs ; les manèges et autres bâtiments ont été repeints, mais ils ont conservé la même couleur, celle de mon enfance. Lorsque ma grand-mère m’emmenait voir les oiseaux et faire des tours de voitures. Je restais toujours bloquée devant cette pendule fleurie, à l’entrée. Je n’étais pas bien grande, elle me paraissait immense, et les couleurs vives des fleurs, la composition du jardinier m’hypnotisaient. Plus tard, j’y ai emmené mes filles, je les revois courir vers l’araignée géante. Nous y avons organisé des chasses au trésor et des pique-niques familiaux, bien arrosés, et très joyeux.

Aujourd’hui, avec les Croqueuses, je tente, malgré la tristesse du temps, de mettre des couleurs vives sur mon papier. La Fondation Louis Vuitton fait partie du paysage, elle se voit de partout, mais je trouve ses formes et couleurs tout à fait en harmonie avec le lieu. J’aime bien cet anachronisme entre architecture moderne et jardins.

Patricia Allais-Rabeux

RADIO-CROQUEUSES !