Il arrive parfois qu’une Croqueuse parte seule, son carnet sous le bras, dans les rues de Paris. En général, c’est que l’occasion de dessiner se présente, bien trop belle pour patienter jusqu’au prochain rendez-vous à quatre. Finalement, c’est en « envoyée spéciale » de ses copines qu’elle traverse la capitale et s’adonne à leur passion commune. « Une pour toutes, toutes pour une » ! Telle est notre devise de mousquetaires du crayon. ⚔😂
Oublions Dumas, voulez-vous, puisque c’est chez son confrère (et grand ami) Hugo que nous allons. Ce jour-là, Véronique avait un rendez-vous dans le Marais et un peu de temps devant elle : son rêve de croquer l’incroyable maison du grand Victor allait donc pouvoir se réaliser. Et déjà, quel bonheur que d’entrer sur la Place des Vosges, d’en faire le tour à l’abri des arcades et de traverser l’élégant square en son centre !
Dans la maison, il faut monter pour atteindre l’appartement. Les fenêtres décoratives, le long de l’escalier, nous mettent peu à peu dans l’ambiance : chaque marche gravie est un saut en arrière dans le temps. Une fois à l’étage, après l’antichambre et le salon rouge, voici la pièce chouchoute de Véronique : le salon chinois. C’est lui qu’elle vient croquer dans son carnet.
Pourquoi ? Parce qu’il s’agit d’une pièce exceptionnelle, révélant une facette méconnue de l’écrivain. On sait généralement qu’outre ses multiples chefs d’œuvre littéraires – en poésie, roman, théâtre ou politique – sa plume a commis de nombreux dessins. D’ailleurs, certains réalisés à l’encre ou au café sont exposés dans la maison. Mais on ignore souvent que Victor Hugo s’est aussi essayé à la décoration et qu’il y a pris beaucoup de plaisir – c’est évident.
Sauvés et rapportés de Guernesey, ces décors étaient à l’origine répartis dans quatre pièces de Hauteville II, la maison de Juliette Drouet, voisine de celle d’Hugo sur les hauteurs de Saint Peter Port. Ils furent dessinés par l’écrivain lui-même en 1863-1864 et peints avec l’aide de Tom Gore, un artisan fidèle déjà employé sur le chantier de Hauteville House, la maison familiale. Le résultat est plein de fantaisie et d’humour, émaillé d’allusions intimes – bref, un bijou à croquer d’urgence !
Depuis, notre Croqueuse a fait le voyage vers l’île anglo-normande – où Victor Hugo demeura en exil pendant près de 20 ans – et pris la mesure de son irrépressible créativité s’exerçant tous azimuts. Mais cette visite du salon chinois de Paris reste pour elle une vraie découverte : courrez-y (en plus, c’est gratuit) !
{ Infos Pratiques }
La Maison de Victor Hugo est au 6, place des Vosges, Paris 4ème. Métro : Bastille ligne 1, 5 et 8. Elle est ouverte tous les jours sauf le lundi, de 10h à 18h. La visite des collections permanentes – et donc, de la maison elle-même ! – est gratuite.