C’est l’été ! Quittons Paris pour sa périphérie : sur la route de la Normandie, en plein cœur du Parc naturel régional du Vexin français nous attend un étonnant jardin…
Créé en 1970 à Aincourt (95) par le docteur Henri Hamon, directeur du Centre médical de la Bucaille et passionné de culture japonaise. S’inspirant du Sakutei-ki – rouleau calligraphié du XIIème siècle qui fixe pour la première fois par écrit les principes de l’art des jardins au Japon – il fait aménager ce lieu paisible pour le mieux-être de ses patients.
Il faut dire que le lieu a quelques mauvais souvenirs à « digérer » : le sanatorium construit là dans les années 30 et dédié aux soins de la tuberculose devient en 1940 un camp d’internement. Le préfet, fraîchement nommé par le Maréchal Pétain, peut désigner sans enquête ni jugement tout individu comme suspect ou « dangereux pour la défense nationale » et l’y incarcérer. Communistes, syndicalistes, socialistes et francs-maçons y sont soumis à des travaux forcés. En 1942, des femmes juives, tziganes ou accusées d’aide à la résistance succèdent aux prisonniers politiques ; ainsi Odette Nilès, jeune fiancée de Guy Moquet. Au total, plus de mille de prisonniers ont transité par Aincourt avant d’être déportés, sans retour, à Ravensbrück ou Auschwitz…
Quand elles arrivent dans ce jardin, nos deux Croqueuses du jour ignorent encore tout cela. Ce sont seulement les recherches approfondies effectuées il y a peu par Véronique pour rédiger cet article qui leur permet de mettre aujourd’hui un peu de lumière sur cette triste mémoire, toujours si importante à garder. Sur place, elles se fondent dans la verdure, entre Torii et petit pont, île et cascade, étang et allée de lanternes. Se poser sous un arbre pour dessiner leur semble alors tout naturel et, doucement, les bienfaits de cet apaisant jardin apparaissent en couleurs sur les pages de leurs carnets… à la mémoire de tous ceux qui y ont souffert.
{ Infos Pratiques }
Le Jardin Japonais de l’hôpital du Vexin est situé au 38 rue Carnot Parc de la Bucaille à Aincourt, dans le Val d’Oise. Il est ouvert tous les jours, d’abord destiné aux patients et à leurs visiteurs.