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Une Croqueuse chez Berthe

Une Croqueuse chez Berthe

Il arrive parfois qu’une Croqueuse parte seule, son carnet sous le bras, dans les rues de Paris… comme nous l’avons raconté ici. Mais c’est vrai pour la banlieue aussi ! En général, écrivions-nous, c’est que l’occasion de dessiner se présente, bien trop belle pour patienter jusqu’au prochain rendez-vous à quatre. Ce fut le cas pour cette visite d’Aurélie chez Fabrik Nature, un tiers-lieu des Yvelines qui nous proposait de passer « un dimanche à la campagne » dans les pas d’une célèbre peintre (et voisine) : Berthe Morisot !

Cette femme impressionniste a beaucoup séjourné dans les Yvelines – notamment du côté d’Hardricourt, Mézy et Juziers, juste en face des Mureaux. Elle y a peint de très nombreuses scènes de jardin, dont ce fameux Cerisier, conservé au musée Marmottan. On trouve même un sentier Berthe Morisot à parcourir dans la campagne, au-dessus de Maurecourt, pour retrouver les paysages présents dans ses tableaux.

Belle idée, donc, que de placer ce « dimanche à la campagne » sous le marrainage d’une voisine aussi talentueuse. Il faut dire, les idées, ce n’est pas ce qui manque chez Fabrik Nature ! Ce tiers-lieu « artistique, journalistique, écologique et pédagogique » est né grâce à l’énergie débordante de trois passionnés – dont la fameuse Iza, ci-dessous en compagnie de notre Croqueuse Aurélie. Lauréats de la Région Île-de-France, ils proposent aux citadins motivés de poser ici leurs valises « le temps d’inventer (…) de beaux projets créatifs et collaboratifs ». C’est le mariage de la ville et de la campagne, qui réfléchissent ensemble à un avenir meilleur, nature et dynamique à la fois.

En découvrant les photos prises ce jour-là, vous n’aurez aucun doute : le pari est réussi. L’offre est tellement généreuse, variée, gourmande, colorée ! Au menu dominical ? Des ateliers peinture de plein air (avec Pascal Béquet), peinture et collages floraux (avec Iza), smoothies, pétillants et clafoutis (avec Laurence), crumble (avec Hélène Picken), une petite randonnée sur les traces de Berthe, du farniente au soleil, un pique-nique champêtre et, bien sûr, une séance de croquis pour notre « envoyée spéciale » : un merveilleux « dimanche à la campagne » !

 

{ Infos Pratiques }

Fabrik Nature est situé chemin des Hautes Lumières à Hardricourt (78250) et propose régulièrement des animations : surveillez leurs propositions sur Facebook ou Instagram !

Deux Croqueuses chez Dumas

Deux Croqueuses chez Dumas

Après notre visite chez Victor Hugo, place des Vosges, nous voici en route pour la banlieue. Mais oui, sortons un peu de la capitale et allons voir, sur les hauteurs de Port-Marly, la « folie » du père des Trois Mousquetaires… le Château de Monte-Cristo !

Cette fois-ci, Anne accompagne Véronique, heureuse de découvrir avec elle ce petit trésor des Yvelines. L’entrée du parc se fait par le sommet de la colline, ce qui donne l’avantage de saisir d’un seul coup d’œil toute l’originalité du lieu. Car c’est une création unique, imaginée de A à Z par Dumas Père, alors au sommet de sa carrière. En 1844, riche et célèbre, ce petit-fils d’esclave s’offre un cadeau. Ce château-monument à sa gloire est couvert de références littéraires, comme le second d’ailleurs, plus petit, dont il a fait son bureau, à l’écart dans le parc.

Malheureusement, Alexandre Dumas ne profitera pas longtemps de ce bel endroit. Deux ans à peine après sa mémorable soirée de crémaillère – 50 amis invités, 600 convives présents à la fin de la fête ! – il dut s’en séparer pour payer ses dettes abyssales. Acheté par des propriétaires privés, celui-ci faillit tomber, en 1969, entre les mains d’un promoteur qui souhaitait le raser pour construire une résidence à la place. Par bonheur, les communes de Port-Marly, Marly-le-Roy et Le Pecq ont su éviter la catastrophe !

Vous verrez, en parcourant notre galerie de photographies, combien cela eût été dommage ! Évidemment, Les Croqueuses, en voyageuses enthousiastes, ont craqué pour le salon maure et le jardin paysagé « à l’anglaise ». C’est d’ailleurs assises au milieu de ce dernier qu’elles ont fini par se mettre au travail, espérant vous donner envie d’y aller vous aussi… Belle visite à tous !

 

{ Infos Pratiques }

Le Château de Monte-Cristo est situé à Port-Marly (plan d’accès). Il est toujours fermé le lundi, mais ses horaires d’ouverture varient selon les saisons.

Un « deux en un » à Saint-Germain !

Un « deux en un » à Saint-Germain !

Aujourd’hui, deux Croqueuses vous emmènent en banlieue, au terminus du RER A : Saint-Germain-en-Laye. Là-bas nous attend un château-musée à l’histoire étonnante, foisonnante et pourtant méconnue. À nous de vous faire découvrir tout ça!

TERMINUS TERRASSE

D’abord, un peu de géographie. Saint-Germain-en-Laye se trouve à 20 kilomètres à l’Ouest de Paris et à 15 au Nord de Versailles. Avec sa forêt domaniale de 3500 hectares, c’est la commune la plus vaste des Yvelines – troisième d’Île-de-France, après Fontainebleau et Paris. Mais ce qui fait sa spécificité tient avant tout à son relief. En effet, la ville est perchée au bord d’un plateau calcaire qui domine la Seine du haut de ses 60 à 90 mètres selon les endroits. De la « grande terrasse » du parc, œuvre de Le Nôtre, la vue sur Paris et ses alentours est imprenable – d’où l’intérêt d’édifier un château fort ici dès le XIIème siècle. Cela dit, celui que nous visitons aujourd’hui n’est plus le même: plusieurs fois pris par les Anglais, pillé ou partiellement incendié, il n’a cessé d’être rebâti, agrandi, transformé, menacé ou restauré. Un vrai feuilleton!

Maintenant, est-il possible de se percher plus haut encore que sur la «grande terrasse»? La réponse est «oui»! Véronique et Aurélie suivent Fabien, chargé de communication, sur les toits du château. Là-haut, la vue sur le parc et la ville est évidemment splendide. Et pourtant, après la visite commentée passionnante, ce n’est pas ce qui aura retenu finalement notre attention. Selon nous, le plus remarquable vu des toits, c’est bien l’architecture du château elle-même. Des balustrades, le regard plonge dans la cour intérieure. Il est happé par le rythme des façades, comme rayées de rouge, et celui des grandes cheminées. Les symboles sont partout. Chaque époque, chaque régime politique, a laissé son empreinte: F (et salamandre) de François 1er, N de Napoléon III, RF de République Française… S’il existe un château qui raconte notre histoire (mouvementée) dans sa durée, c’est bien celui de Saint-Germain-en-Laye!

VERSUS VERSAILLES

Petit test. Si l’on vous parle des rois de France et de leur cour, de Louis XIV, de ses fêtes éblouissantes et de ses favorites, des spectacles signés Molière et Lully… à quel château pensez-vous? Si ces quelques mots vous évoquent Versailles, vous avez – comme nous auparavant – tout faux. C’est ici, à Saint-Germain-en-Laye, que cela se passait. Pour résumer, le Roi-Soleil y naquit en 1638 et y régna jusqu’en 1682, date à laquelle il s’établit à Versailles.

Par ailleurs, saviez-vous qu’un château peut aussi en cacher un autre? Encore une découverte! Celui sur les toits duquel nous avons grimpé – cf la vidéo sur notre chaîne YouTube – fut longtemps appelé le «Château-Vieux» par opposition au splendide «Château-Neuf» qui fut construit à la Renaissance, en lieu et place de la fameuse terrasse, perché au-dessus de la Seine. Hélas, il ne reste plus rien (ou presque) de cette « Maison du Théâtre et de la Baignerie » commandée à l’architecte Philibert Delorme (Fontainebleau, Chenonceau…) par Henri II et Catherine de Médicis. Pourtant, imaginez son envergure! Décidément, ce lieu nous réserve bien des surprises…

BONUS MUSÉE

Car ce n’est pas tout: non content d’être un superbe condensé d’Histoire de France, le château de Saint-Germain-en-Laye abrite en son sein l’une des plus riches collections archéologiques du monde! En 1862, Napoléon III crée le «musée des Antiquités celtiques et gallo-romaines» lui choisissant le «Château-Vieux» pour écrin. La restauration du bâtiment, alors en ruine, est confiée à Eugène Millet, élève de Viollet-le-Duc. C’est le premier – mais également le seul, ce toujours aujourd’hui – musée entièrement consacré à l’archéologie du territoire national. D’où son nom actuel : Musée d’Archéologie Nationale (MAN). Et lui aussi a sa Joconde… la fameuse Dame de Brassempouy, sculptée dans l’ivoire de mammouth et vieille de 22 000 ans!

Vous l’aurez compris, en sortant du RER, vous allez plonger dans l’Histoire – et la Préhistoire! – tête la première. Mais ne vous attendez pas à trouver un château «dans son jus» ou meublé Renaissance: vous entrez avant tout dans un musée d’archéologie. Disons que, pour Les Croqueuses, passer la porte rouge du château de Saint-Germain-en-Laye, c’est un peu comme ouvrir une poupée gigogne… Ensuite, de la cour jusqu’aux toits, en passant par la chapelle et la salle de bal, s’emboîtent et se déploient des siècles de savoirs et de pratiques humaines dont l’architecture et la muséographie sont les précieux révélateurs.

C’est enrichies de ces multiples découvertes que nous adressons nos remerciements à l’équipe du musée – Fabien Durand notamment, mais également Hilaire Multon, directeur du MAN, qui nous ont l’un et l’autre si volontiers consacré quelques heures de leur temps!

PS : Et, en plus, comme vous le verrez sur nos photos, nous avions ce jour-là une invitée de marque! En effet, l’autrice et illustratrice Claudine Aubrun est venue croquer – l’une de ses activités favorites! – avec nous à Saint-Germain-en-Laye. Tiens, puisqu’il s’agit d’une spécialiste des enquêtes, nous vous laisserons découvrir tout seuls son lien avec le musée… Bon, d’accord, un indice vous attend ici! 😉

{ Infos Pratiques }

Le Domaine national (parc) est ouvert tout les jours de l’année – sauf les 25 décembre, 1er janvier et 1er mai. Les horaires varient selon les mois : octobre – février  = 8h – 17h / mars – avril = 8h – 19h30 / mai – août = 8h – 20h30 / septembre = 8h – 19h30.

Le Musée d’archéologie nationale (château) est ouvert tous les jours de 10h à 17h – sauf le mardi et les 25 décembre, 1er janvier et 1er mai. Les toits sont accessibles du 2 mai au 30 septembre, soit en visite guidée par un conférencier (les lundis, jeudis et vendredis / durée 1h / réservations la veille), soit en promenade commentée (les mercredis, samedis et dimanches / durée 30 minutes / réservations le jour même).

N’hésitez pas à vous renseigner sur les activités proposées au jour le jour par le musée avant de programmer votre visite – sur le site ou via l’application ArcheoMAN, disponible en versions Androïd ou Apple.

Une chapelle sur la Seine

Une chapelle sur la Seine

Cette fois, ça y est, le (vrai) printemps est là et Les Croqueuses se sont retrouvées, toutes les quatre, pour leur premier (vrai) rendez-vous de l’année ! D’ailleurs, nous étions plus qu’au complet, puisqu’une invitée nous accompagnait. Mais, en attendant de vous raconter tout cela dans nos prochains articles, nous vous proposons une visite insolite, sur la Seine et en banlieue…

Connaissez-vous Conflans-Sainte-Honorine, dans les Yvelines ? En transilien (ligne J) on y est en 30 minutes à peine depuis Saint-Lazare. Et savez-vous que, chaque 3ème week-end de juin depuis 1960, la « Capitale de la Batellerie » démarre l’été en fanfare en célébrant son « Grand Pardon » ? Eh bien, l’année dernière, à la veille de ces festivités, nous sommes montées sur une péniche « pas comme les autres » et nous l’avons croquée.

Amarrée quai de la République, celle-ci ne transporte plus de charbon comme à l’origine : rebaptisée Je Sers et consacrée à Saint-Nicolas, elle est devenue le « bateau-chapelle » des bateliers de Conflans. Destiné à l’entraide au sein de cette communauté, le Je Sers s’est progressivement diversifié en portant assistance aux personnes en difficulté, quelle que soit leur provenance. Depuis 2014, des réfugiés tibétains y sont accueillis par La Pierre Blanche – une association que Les Croqueuses croiseront le lendemain au No Mad Festival, à Pontoise.

En ce vendredi après-midi, veille de « Pardon National », on s’active à mille préparatifs sur les quais. Nous nous engouffrons volontiers dans le ventre du bateau, à l’abri de l’agitation et des essais micro. Silencieux, chaleureux, apaisant… l’endroit est tout simplement accueillant. L’habillage en bois y est pour beaucoup, côté chapelle comme côté foyer. Vous le verrez sur les photos, de nombreux éléments relatifs à la batellerie signent l’appartenance du lieu à sa communauté, lui donnant un caractère unique. Mais on y trouve aussi tous les attributs symboliques et architecturaux d’une église – nef, chœur, abside, vitraux, statuaires et mobilier… dont une partie réalisée par Paul Croixmarie, sculpteur à l’origine d’un certain renouveau de l’Art Sacré dans les années 20.

Après une sortie au grand air sur l’île Nancy – non sans quelques pitreries… – le calme du bateau-chapelle nous fait le plus grand bien. Sur la pointe des pieds, chaque Croqueuse circule avant de choisir son angle d’attaque. Aurélie se chargera de Jésus et Anne de la Vierge Marie. Fabienne croquera le chœur et Véronique une vue d’ensemble – ses trois camarades comprises – depuis l’entrée.

Au fur et à mesure que les dessins avancent, la nef se remplit pour la messe. Bientôt le prêtre entre en scène – en Seine ? Les Croqueuses restent encore un peu, bercées par les chants religieux, avant de fermer leurs carnets pour retourner dehors, sous le soleil et les guirlandes multicolores : place à la fête et vive le « Grand Pardon » de Conflans ! 

Une île en île-de-France…

Une île en île-de-France…

Ce n’est ni Belle-île-en-Mer, ni Marie-Galante. Encore moins Singapour ou Ceylan. Mais… vous allez voir, l’île Nancy, c’est très bien aussi !

SORTIE NATURE ?

Chers lecteurs, êtes-vous plutôt comme nos deux Croqueuses provinciales, Anne et Fabienne, qui aiment les balades au grand air? Les lieux sans voiture, à 100% piétons ? Où l’on peut marcher à sa guise, le nez en l’air dans la verdure, sans même risquer de heurter un vélo ? Vous rêvez de berges au bord de l’eau? De passe à poissons ? De chemins frais dans les sous-bois ? De grandes pelouses où l’on peut pique-niquer, en famille, avec les oies bernaches ? Le tout à 30 minutes de Paris ? Ne cherchez plus, ce petit Paradis existe: c’est l’île Nancy, à Andrésy (78) !

SORTIE CULTURE !

Oh non, pas du tout. Vous, vous êtes du genre des deux autres Croqueuses, Véronique et Aurélie, à toujours courir les expositions! À vouloir découvrir de nouvelles œuvres d’art, parfois venues de loin, qui vous envoûtent, vous émerveillent, vous interrogent ou vous surprennent… À aimer vous confronter au travail d’artistes d’aujourd’hui – Francine Garnier, Liu Hsiang-Lan, Kambach, Philippe CusseSylvie Verhée, Sui Lin Leung, Zsuzsa Farkas – comme à celui des enfants, s’emparant des mêmes thématiques, pour créer à leur tour. Eh bien, ne cherchez plus non plus : cela s’appelle « Sculptures en l’île » et se situe au même endroit !

UNE JOLIE PARENTHÈSE…

Vous l’aurez compris, cette île a tout pour plaire. L‘exposition est riche et mérite que l’on s’y plonge. Certaines œuvres, très poétiques, invitent à la rêverie, la réflexion, la déambulation… et au croquis, bien sûr. Pour parfaire la visite, vous pouvez lire le catalogue (disponible sur place) et n’êtes pas obligé de faire les clowns façon Croqueuses (cf. la vidéo) !

Vous n’avez pas pensé à prendre un pique-nique ? Génial ! C’est le prétexte idéal pour goûter aux frites du « Kiosque » – vraiment bonnes. Vous n’avez pas non plus prévu de lecture pour la sieste ? Pas de problème ! Isabelle et Catherine, les bibliothécaires, viennent régulièrement garnir les petites cabanes à lire colorées qui bordent la pelouse. Vous préférez faire une petite marche digestive ? Le « Treck’île » vous attend !

Bref, curieux de nature et gourmands de culture, vous avez rendez-vous sur l’île Nancy. Celle-ci est accessible du mercredi au dimanche de 10h à 19h. Si vous aimez vous poser, sachez qu’il est tout à fait possible d’y passer une journée entière sans s’ennuyer ! (Petit détail pratique : des toilettes sont à la disposition du public, derrière « Le Kiosque » mais sans obligation de consommation.) En un mot, c’est une jolie parenthèse à s’offrir. Elle s’ouvre sur les quais de la Gare Saint-Lazare, avec la première sculpture de l’exposition. Après la ligne J, Les Croqueuses de Paris ont adoré prendre le bateau (gratuit) à l’embarcadère. S’il est sur l’autre rive, un petit signe de la main et il arrive.

…PRESQUE SECRÈTE !

L’une des Croqueuses connaît bien l’île Nancy : elle ne vit pas très loin et y va régulièrement. « L’île est si agréable, dit-elle, si surprenante quand on vient de Paris – ou de plus loin – avec des idées toutes faites sur la banlieue ! C’est le genre d’endroit qui provoque, chez moi, deux réactions totalement contradictoires : je meurs d’envie de le partager… tout en espérant qu’il reste secret, pour mieux en profiter. »

Trop tard ! 😉

Une écurie à Versailles

Une écurie à Versailles

Plein hiver. Paris courbe l’échine sous un ciel de spleen à la Baudelaire, tandis que son célèbre Zouave prend l’eau des postérieurs quasi jusqu’à la croupe. Il est l’heure, pour Les Croqueuses, de franchir les limites du manège parisien pour faire galoper nos crayons plus loin… c’est-à-dire à Versailles, dans la Grande Écurie qui fait face au Château. Nous sommes invitées par l’Académie équestre de Bartabas et allons dessiner, toute la journée, les répétitions du spectacle La Voie de l’Écuyer !

En 2003, quand Bartabas invente l’Académie, son ambition est de former un corps de ballet équestre ouvert à d’autres disciplines – l’escrime, le Kyudo (tir à l’arc traditionnel japonais) ou le chant, par exemple – dans une double dynamique de transmission et création. C’est pourquoi La Voie de l’Écuyer, spectacle de répertoire, évolue continuellement : il est sans cesse refaçonné par les talents multiples et la personnalité unique de chaque cheval et de chaque écuyer, tous engagés dans un perfectionnement quotidien.

Car l’Académie est avant tout une école : elle recrute chaque année deux élèves. (La troupe, au total, compte une douzaine d’écuyers.) Les candidats doivent être titulaires au minimum d’un Galop 7 pour postuler, mais également montrer de l’intérêt pour d’autres arts – musique, danse, théâtre… Les chevaux, eux, sont plus nombreux : ils occupent une quarantaine de boxes dans la Grande Écurie. Cette année, Lusitaniens et Sorraïas ont pris le relais des Argentins au manège, imposant d’autres manières de travailler.

Par ailleurs, l’Académie monte chaque année une création en compagnie de grands artistes – ainsi Philip Glass en 2008, Carolyn Carlson en 2011 ou Marc Minkowski en 2017, avec le splendide Requiem de Mozart donné à Salzburg. Et en 2018 ? Oui, Les Croqueuses savent ce qui se prépare en coulisses… mais, pour l’instant, nous sommes tenues au « secret professionnel » ! (En revanche, nous pouvons vous le dire : ça promet d’être génial !)

Bon, mais… cessons de tourner autour du pot. Après l’accueil chaleureux et la visite exhaustive des lieux – un grand merci à Cécile Berthelot, administratrice de l’Académie ! – nous allons devoir sortir nos crayons et dessiner ces chevaux magnifiques ! Les Croqueuses auraient-elles le trac ? Vous en avez de bonnes : c’est que ça bouge, ces grosses bêtes-là ! Sans parler du décor, ce manège conçu comme un écrin par Patrick Bouchain, avec ses miroirs immenses multipliant allégrement chevaux et cavaliers à l’infini (merci !) et ses somptueux lustres en verre de Murano… Bref, il y a du boulot !

Comme d’habitude, chaque Croqueuse trouvera sa place et son point de vue. Véronique en essaiera même plusieurs. D’abord perchée sur un balcon de bois, elle descendra plus tard dans les gradins. C’est drôle parce que nous avions accès à toute l’Académie, de la sellerie aux splendides écuries en passant par le foyer ou la boutique, mais nous sommes toujours revenues au manège pour y dessiner chevaux et cavaliers au travail : aimantées par le cœur de l’Académie.

Il faut dire que nous aurons la chance d’assister aux cours (dressage, longues-rênes, ensemble…) de plusieurs écuyères titulaires dont Laure Guillaume, coordinatrice artistique et pédagogique – un régal pour Aurélie, notre Croqueuse cavalière et passionnée d’équitation ! Quant à Fabienne, plus familière des vaches que des chevaux, elle se lancera doucement dans une vue d’ensemble avant d’apprivoiser peu à peu l’animal.

Pourtant commencée aux aurores, cette journée a filé à toute allure. Pour une fois, hélas, le temps n’était pas avec nous et nous n’avons pas pu profiter des extérieurs. Accompagner les chevaux lors de leur promenade hebdomadaire dans le Parc du Château… Vous imaginez le rêve ? Alors c’est décidé, nous reviendrons. (Croisons les sabots !) Déjà, pour assister au spectacle – ça, c’est sûr !

Les représentations 2018 viennent de reprendre. Elles se donnent chaque samedi (à 18h) et dimanche (à 15h) durant deux périodes : d’abord de mi-février à mi-août, puis de mi-septembre à fin décembre. Attention, en plein été, l’horaire du dimanche est plus tardif (17h). Par ailleurs, le spectacle a aussi lieu les mercredis des vacances scolaires parisiennes (à 15h) ainsi que les jours fériés. (Le calendrier complet vous attend ici.) Les Trotteuses de Paris vous encouragent à y aller… au grand galop ! 😉

{ POST-SCRIPTUM }

Pour en apprendre davantage sur la démarche et l’enseignement de l’Académie, Les Croqueuses vous invitent à lire ce beau portait de Laure Guillaume, récemment publié sur L’allée des rendez-vous – un très joli blog culturel concernant Versailles et ses alentours. Enfin, pour parfaire la visite, une autre lecture passionnante : l’article sur l’Académie signé Versailles in my pocket !