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Les Croqueuses font le (Sweet) Bazar !

Les Croqueuses font le (Sweet) Bazar !

Novembre. Le temps se gâte et les nuits s’éternisent. Halloween est finie et Noël encore loin devant. C’est le moment de se faire du bien ! Aujourd’hui, Les Croqueuses vous invitent au royaume de la douceur…

Début 2021, alors que les cafés n’avaient pas encore rouvert, Les Croqueuses eurent une idée d’enfer pour s’offrir une sortie au paradis : go to le Sweet Bazarconcept store totalement top, complètement pop et « naturellement gourmand ».

Véronique n’eut pourtant pas de chance. Cas contact, elle dut rester chez elle pendant que ses trois complices plongeaient toutes entières dans cette boîte à délices. Oh, des vidéos et des photographies lui furent gentiment envoyées, bien sûr… mais cela ne fit qu’aggraver son supplice !

Heureusement, elle put se rattraper quelques semaines plus tard, à l’occasion d’une certaine « livraison ». Car Leslie, la fondatrice du Sweet Bazar, charmée par les illustrations des Croqueuses, leur proposa dans la foulée de créer un papier de soie alimentaire original qui mette en valeur ses pâtisseries.

Inutile de vous dire que nous y avons travaillé avec beaucoup de soin, de joie et de gourmandise ! D’ailleurs, qu’en pensez-vous : le résultat ne rend-il pas pleinement hommage à la douceur des lieux ? ♥

{ Infos Pratiques }

Le Sweet Bazar situe 133, rue Saint-Denis, Paris 1er. Métro : Châtelet ou Étienne Marcel (lignes 1, 4, 7, 11 et 14). Il est ouvert tous les jours de 10h à 19h.

Un peu de Finlande à Paris

Un peu de Finlande à Paris

Cet été, pour le plaisir, Les Croqueuses vous invitent à feuilleter quelques souvenirs non encore publiés… Ce matin, nous vous emmenons en voyage dans un pays deux fois moins peuplé que Paris extra-muros, et bien plus frais aussi : bienvenue au Café Maa de l’Institut Finlandais !

Envie de lignes sobres ? De matières nobles ? De clarté caressante et d’épure élégante ? Entrez ici, sans transition, au milieu du Quartier Latin : le dépaysement vous est garanti, mais tout en douceur, c’est promis. La décoration est signée Joanna Laajisto. Admirez les volumes, la hauteur sous plafond et l’arrondi si élégant des ouvertures vitrées. Voyez comme on respire. Comme on peut admirer, posé, les œuvres exposées, souvent monumentales – ici d’Outi Pieski. Galerie et café… voilà un bel endroit, idéal pour faire une pause dans sa journée ou la démarrer en beauté, sans tracas ni fracas, loin de tout brouhaha. Tel fut notre choix de Croqueuses, avant d’attaquer de longues déambulations parisiennes.

Au menu, d’abord, de très bons cafés. Les uns torréfiés par Frukt en Finlande même – où vivent les plus gros consommateurs de café de la planète ! – et les autres (expresso) par Kawa Coffee à Paris. Bien sûr, il faut goûter quelques spécialités comme les korvapuustit (brioches à la cannelle) et la karjalanpiirakka, sorte de tarte à l’œuf originaire de Carélie (Russie) néanmoins emblématique de la culture finlandaise – un emoji lui est même dédié là-bas !

Les superbes bouquets de fleurs fraîches furent de parfaits sujets pour Anne, amie fidèle de Dame Nature… et seule Croqueuse à être allée se balader jusqu’en Finlande ! Fabienne se lança dans l’une de ses célèbres vues d’ensemble, tandis que Véronique croqua ces deux Croqueuses en plein labeur. Aurélie – qui justement travaillait alors au musée d’en face – vint nous chercher pour la visite d’une splendide exposition. Parfait, bien ressourcées, nous étions prêtes à repartir en voyage… dans le temps, cette fois-ci ! 

{ Infos Pratiques }

Le Café Maa de l’Institut Finlandais se situe 33, rue du Sommerard, Paris 5ème. Métro : Cluny La Sorbonne (ligne 10). Il est ouvert du mardi au samedi, de 10h à 18h – sauf en août. Rendez-vous en septembre !

Honorons Saint-Honoré

Honorons Saint-Honoré

Cet été, pour le plaisir, Les Croqueuses vous invitent à feuilleter quelques souvenirs non encore publiés. Découvrons ensemble une architecture étonnante…

C’est totalement par hasard, en cherchant un restaurant dans le 16ème arrondissement, que nous sommes tombées sur cette église au style inhabituel, construite en 1896 pour faire office de chapelle provisoire. La nouvelle bâtisse attendue, plus grande, ne verra finalement jamais le jour : le provisoire deviendra permanent et la chapelle, église. On y célèbrera même les obsèques de l’ancien président de Paul Deschanel en

Si un jour vous passez dans le coin (avenue Raymond-Poincaré, juste avant la place Victor Hugo) n’hésitez pas à y entrer, histoire de vérifier si la magie de Saint-Honoré, patron des boulangers, opère aussi sur vous ! 😉

Un Café au Trocadéro

Un Café au Trocadéro

Cet été, pour le plaisir, Les Croqueuses vous invitent à feuilleter quelques souvenirs non encore publiés… Aujourd’hui, petit-déjeunons dans un beau café Art Déco, face au Trocadéro !

C’était tôt, très tôt, un matin de mars 2020. Il pleuvait dru sur les pavés luisants et nous avions passé du temps à chasser les effets de reflets avec nos caméra et appareil photo. La Cité de l’Architecture, où nous avions rendez-vous plus tard n’était pas encore ouverte, mais le Café du Trocadéro, lui, venait de déverrouiller ses portes : à nous, le réconfort d’une boisson chaude et de douceurs diverses !

Parmi celles-ci, ne croyez pas que nous comptons seulement les crêpes Suzette et les croissants ! Certes, nous sommes d’incorrigibles gourmandes… mais nos cœurs de Croqueuses se nourrissent tout autant d’un sourire ou d’un mot aimable ! Même chose pour nos yeux, qui se régalent d’un décor soigné ou d’une ambiance harmonieuse comme nos palais d’un thé subtile ou d’un café corsé. Or, au Café du Trocadéro, nous avons eu le bonheur de trouver tout cela à la fois. Que demander de plus ?

D’ailleurs, voyez comme ils ont réagi quand notre Croqueuse Véronique a publié sur Instagram son croquis fait sur place… Adorable repost : merci, on adore ! ♥

Les Croqueuses de Paris

{ Infos Pratiques }

Le Café du Trocadéro se situe 8, Place du Trocadéro et du 11 Novembre, Paris 16ème. Métro : Trocadéro (ligne 10). Il est ouvert tous les jours, de 7h à 2h.

Il est 5 heures… Paris s’éveille ! ♪♫

Il est 5 heures… Paris s’éveille ! ♪♫

Cet été, pour le plaisir, Les Croqueuses vous invitent à feuilleter quelques souvenirs non encore publiés. Ici, les photographies d’une sortie – fort matinale ! – sur l’esplanade du Trocadéro. Le vent et la pluie étaient malheureusement eux aussi déjà levés… mais qu’importe, quand on a la motivation ! Et, comme vous le voyez : Croqueuses et pompiers, même combat !

C’est également l’occasion d’observer de très jolis reflets sur les pavés, n’est-ce pas ? Eh oui, vous avez remarqué, être Croqueuse requiert une certaine capacité à toujours tout positiver ! D’ailleurs, c’était en mars 2020. On ignorait encore que, tout bientôt, même les sorties trop matinales en transilien viendraient à nous manquer…

Paris est une Féerie !  { Épisode 1 }

Paris est une Féerie !  { Épisode 1 }

Cette année, le Père Noël s’est montré particulièrement généreux avec Les Croqueuses puisqu’il a tout simplement exaucé l’un de leurs vœux le plus cher : découvrir et dessiner les coulisses du Moulin Rouge ! Aurélie en rêvait depuis le début de notre aventure et, peu à peu, elle nous a toutes contaminées. Pendant le second confinement, contact fut pris avec l’équipe de communication et quand les spectacles ont enfin pu reprendre, les choses se sont concrétisées avec bonheur.

SUR LE TAPIS ROUGE

Les Croqueuses au Moulin Rouge

Voilà donc, par un gris mercredi de décembre, quatre girls du crayon se retrouvant à Montmartre pour franchir l’entrée mythique, foulant le tapis rouge – non sans céder à la tentation du selfie – sous le moulin encore éteint. Nous avons rendez-vous avec Margot : elle nous fera visiter l’endroit, nous contant à la fois son histoire plus que centenaire et son trépident quotidien.

Le «  cabaret le plus célèbre du monde » fut en effet fondé à la fin du XIXème siècle (1889) par deux entrepreneurs spécialisés dans les loisirs : Joseph Oller, concessionnaire des champs de courses de Maisons-Lafitte, et Charles Zidler, déjà détenteur avec lui d’une attraction spectaculaire (montagnes russes tout en bois) fermée par le Préfet qui craignait l’incendie et remplacée par l’Olympia. C’est, à l’instar des Expositions Universelles, un des symboles de cette période de paix pleine d’optimisme que l’on nommera plus tard la « Belle Époque ».

Depuis sa création, le Moulin Rouge a connu plusieurs vies. On y est allé danser, applaudir des numéros de cirque, Le Pétomane, des humoristes qui commentent l’actualité, des concours de strip-tease amateur, des opérettes à grand spectacle, des concerts privés, des films, des vedettes du music-hall et des stars de la chanson. La Goulue, Jane Avril, Colette, Mistinguett, Yvette Guilbert, Joséphine Baker, Édith Piaf s’y sont produites. Plus tard, Ginger Rogers, Liza Minnelli ou Ella Fitzgerald… Et il n’a cessé d’être remodelé : en 1903 par l’architecte du Negresco de Nice, en 1921 parce qu’il avait brûlé, puis en 1929, 1937, 1951 et 1962 !

Le Moulin Rouge d’aujourd’hui est l’héritier de ce dernier réaménagement, avec l’apparition de l’aquarium géant, de la troupe des Doriss Girls et d’une revue dont le nom commence par la lettre F : Féerie fait en effet suite à Frou-Frou (1963), Frisson (1965), Fascination (1967), Fantastic (1970), Festival (1973), Follement (1976), Frénésie (1978), Femmes, femmes, femmes (1983) et Formidable (1988). À l’affiche depuis 1999, elle détient un record de longévité !

Ce premier tour de Moulin terminé, chacune des quatre Croqueuses choisit son sujet favori et son point de vue préféré – tous différents, comme souvent. Fabienne s’installe dans le salon Toulouse-Lautrec, face au comptoir et à la célèbre affiche d’Aristide Bruant ; Véronique et Aurélie restent dans le hall, croquant l’une l’incroyable lustre de Murano, l’autre les portes de la salle ; Anne, quant à elle, a franchi ces dernières et s’est attablée devant les vestiges de l’ancienne fête foraine. Et hop, quatre croquis dans nos carnets !

YES WE CAN CAN !

Les Croqueuses au Moulin RougeAprès une pause déjeuner rapide, nous revenons nous glisser au cœur de salle, plongée dans l’obscurité. Les Croqueuses de Paris sont de sacrées chanceuses : exceptionnellement, ce jour-là, une répétition a lieu. Portia, une nouvelle recrue vient d’arriver d’Australie et doit monter sur scène le lendemain soir. Toute sa « ligne » de danseuses va l’accompagner pour un filage du spectacle… et nous sommes aux premières loges !

D’autres observateurs sont là aussi : une équipe d’ARTE filme Portia pour la série documentaire Des histoires d’Européens. Le reportage est en ligne sur le Replay, n’hésitez pas à le regarder : vous découvrirez le quotidien des danseuses, la manière dont elles sont formées avant de monter sur scène, leurs rêves, leurs parcours… et d’autres métiers autour du spectacle, couturières ou maître d’hôtel. C’est passionnant.

Les yeux (et les carnets) grand ouverts, Les Croqueuses se retrouvent face à un problème technique nouveau pour elles : comment dessiner dans le noir ? De surcroît, des modèles qui bougent autant ? Certes, nous avions déjà été confrontées à l’exercice du croquis de spectacle lors de notre sortie à l’Académie équestre de Versailles, mais les chevaux se déplaçaient plus lentement que les danseuses de French Cancan et nous avions un peu de lumière !

Comme toujours, nous nous adapterons, tentant de saisir attitudes et mouvements de quelques traits rapides, sans fioriture pour le moment. Aurélie, portée par la magie de l’instant, sera particulièrement productive… tandis que Fabienne, en danseuse passionnée de quadrille, délaissera son crayon pour ne pas perdre une miette de la chorégraphie. Car le Cancan, quel monument !

Tous les regards sont braqués sur Portia. Les nôtres, mais surtout ceux d’Audrey, la danseuse expérimentée qui la coache, et de Janet, la directrice artistique responsable des recrutements. Sans compter ceux des équipes de la communication du Moulin et d’ARTE, autour de la caméra… C’est un bon exercice pour tester sa résistance à la pression face au public. Or, elle rayonne. Si elle est stressée, cela ne se sent pas du tout vu de la salle. Bravo Portia !

STRASS EN COULISSE

Les Croqueuses au Moulin Rouge

Quand la répétition s’achève et que la lumière se rallume, quelques danseuses viennent voir ce que font Les Croqueuses. Nous échangeons et plaisantons ensemble autour de nos savoir-faire respectifs : nous sommes très admiratives de leurs prouesses physiques sur scène, comme elles le sont devant nos carnets de Paris. Janet nous confie qu’elle dessine à ses heures elle aussi – son unique modèle, son dalmatien chéri – et nous offre quelques plumes tombées des costumes en cours de répétition à coller sur nos pages du jour. ♥

En parlant de costumes, c’est l’heure d’aller croquer en coulisse ! Nous nous glissons dans le dédale des couloirs et des escaliers, jusqu’aux différentes salles où sont sagement rangées les tenues, les coiffes et les chaussures, bien alignées le long des murs, sur leurs étagères ou leurs cintres. La répétition est finie, la prochaine représentation dans plusieurs heures : tout est calme, désert, silencieux – idéal pour un dernier croquis. Deux Croqueuses craquent pour des coiffes pleines de plumes, les deux autres pour les robes aux couleurs de la cocarde et les bottines rouge pétant du Cancan.

Mais, c’est l’heure de laisser la place aux couturières « de garde » qui vont prendre soin des costumes avant et après la scène. Un bouton qui saute, une couture qui cède, un strass qui se sauve, une attache qui lâche ? Elles seront là, prêtes à intervenir, l’aiguille aux aguets, un œil sur leur ouvrage, l’autre sur l’écran du conducteur qui diffuse le spectacle en temps réel. On sent la tension qui monte dans les coulisses à mesure que la soirée approche. La salle frémit, elle aussi. Le ballet des serveurs commence : bientôt les tables seront impeccables. Dehors, la nuit noire est tombée sur le moulin illuminé. Les Croqueuses de Paris s’effacent, comblées, presque étourdies, par cette journée de folie… et de pure féerie.

Ce soir, comme le Moulin, les quatre copines ont des ailes. D’autant qu’elles savent ce joli conte de Noël bien loin d’être fini ! En effet, rendez-vous est pris en janvier pour explorer les ateliers de couture et en mars pour admirer le spectacle. Une journée seule ne suffit pas pour mesurer l’incroyable travail accompli chaque jour par les équipes du Moulin Rouge – pas moins de 400 personnes, au total ! Merci à Jean-Luc et Margot de nous l’avoir permis en nous offrant de venir plusieurs fois : c’est grâce à eux, chers abonnés, que vous découvrirez prochainement cinq virtuoses aux doigts de fées, qui font, elles aussi, toute la magie de ce bal mythique… À tout bientôt !

Paris est un cadeau !

Paris est un cadeau !

Mi-septembre, deux des Croqueuses de Paris se sont retrouvées place de l’Étoile pour dessiner l’œuvre éphémère de Christo et Jeanne-Claude. L’empaquetage de l’Arc de Triomphe n’était alors pas encore terminé, mais croquer l’équipe en plein travail d’installation leur a semblé tout aussi passionnant que contempler l’œuvre achevée.

COMME UN COCON

Christo, Jeanne-Claude et Les Croqueuses

Véronique se souvient du Pont Neuf si élégamment drapé de tissu clair, presque doré, en septembre 1985. Adolescente et ne vivant pas encore à Paris, elle avait pu venir le voir « en vrai » et en garde un souvenir ébloui. Ressorti doublement neuf du superbe cocon de toile, artistique autant qu’éphémère, ce pont est resté son préféré depuis.

Aussi, plus de trente-cinq années plus tard, notre Croqueuse se réjouit-elle de pouvoir assister à l’empaquetage d’un autre monument de Paris, en direct cette fois-ci. Et c’est avec beaucoup de joie et de curiosité qu’elle accueille le retour – posthume hélas – du mythique couple d’artistes. D’autant que, pour le coup, l’Arc de Triomphe est loin d’être son monument préféré. D’ailleurs, elle ne l’a jamais visité, n’y est jamais montée, ne s’en est même jamais approchée aussi près qu’aujourd’hui…

Dès la sortie du métro, nos deux Croqueuses sont abordées par une jeune fille, elle-même comme « emballée » de tissu synthétique sous son masque et son imperméable ! Il s’agit d’Irina, l’une des membres de l’équipe chargée de faire découvrir l’œuvre aux passants via leurs smartphones. Très gentiment, elle se prête à notre petit caprice récurent, nous offrant un très joli sourire du lundi. Merci à elle !

COMME UN CADEAU

Christo, Jeanne-Claude et Les CroqueusesAnne pose aussi pour Véronique – en chatouilleuse de grue, notamment. Puis c’est l’Arc et l’œuvre en train d’advenir qui fait sa star au centre de l’Étoile… tandis qu’un ciel blanc, gorgé de pluie, ourlé de gris, pèse sur nous et sur Paris. Nous tournons tout autour, tâchant de trouver l’angle idéal et peut-être, plus prudemment, un abri.

L’arrêt d’autobus Friedland nous attend justement. Anne y déballe son matériel d’aquarelliste pendant que Véronique s’adosse au platane voisin pour faire un rapide croquis d’ensemble. Quand l’averse commence à tomber, elle s’est déjà repliée sous l’abri pour la mise en couleur – ouf !

Pourtant, la magie opère et nous saute aux yeux : la pluie, comme le gris du ciel, participent à la beauté de l’œuvre. Les pavés luisent, lui faisant un socle d’argent, et la lumière laiteuse l’enveloppe d’un halo étonnant. C’est fascinant. Le tissu irisé, soigneusement choisi par Christo et Jeanne-Claude, cache autant qu’il révèle. On le sait… mais c’est soudain si évident ! Il souligne les formes essentielles de l’imposante architecture guerrière, lisse ses fioritures décoratives et fait taire ses reliefs agressifs et bavards.

Émergeant de la bruine et du bruit permanent de la circulation, nous ne voyons plus que la forme pure de l’Arc – sujet politique emprunté ailleurs, inspiré d’autres temps… Son gigantisme le distingue, certes. Mais ici, pour la première fois, c’est l’extrême élégance de ses lignes et de ses proportions qui triomphe réellement. Merci à vous, les artistes, qui nous réconciliez enfin avec ce monument !

Sauvons le Musée de l’Éventail !

Sauvons le Musée de l’Éventail !

Fin avril, deux des Croqueuses de Paris sont retournées dessiner au musée. « Quoi ? Comment ça, dans un musée ? Ils ne sont pas fermés ? » (Ne niez pas, on vous entend d’ici ! 😄) Alors, oui, en effet… mais justement. Pour celui-ci, c’est la fermeture définitive qui est à craindre à cause de la crise sanitaire. D’où notre mobilisation : en plus de participer à la cagnotte en ligne, nous avons proposé nos services en venant croquer ce lieu précieux et atypique, pour vous le rendre visible à vous, chers Crocœurs. Nous espérons vous mobiliser, vous aussi !

DE L’ATELIER FAMILIAL

Les Croqueuses de Paris au Musée de L'ÉventailTrès gentiment accueillies par Anne et Katia, Aurélie et Véronique ont pu découvrir la richesse des collections du musée, ainsi que l’histoire passionnante de l’atelier qui court déjà sur quatre générations : Joseph Hoguet en 1876 puis son fils Marius en 1899, fonde et font prospérer l’entreprise familiale de Sainte-Geneviève, dans l’Oise. Ils étaient alors tabletiers, c’est-à-dire spécialisés dans la fabrication des montures. Ils travaillent l’écaille de tortue, l’os, la corne, les bois précieux, différents types de nacre… les façonnant, les sculptant, les ajourant, les gravant et les incrustant à l’or fin. Mais la partie haute des éventails n’est pas de leur ressort. Elle est conçue, créée, décorée à Paris, par d’autres artisans d’art – les éventaillistes.

Une autre page s’écrit en 1960. Hervé, qui a pris la succession de son père Marius, rachète à Paris le fond de Kees, l’une des plus prestigieuses maisons d’éventails du XIXème siècle. Grâce à lui, les deux savoir-faire sont enfin réunis sous la même enseigne : celle des Hoguet. Sa fille Anne, nommée Maître d’Art en 1994, y confectionne des éventails pour l’opéra, le théâtre, le cinéma et la haute couture (Dior, Gaultier, Hermès, Lacroix, Nina Ricci, Louis Vuitton…). Elle effectue également des travaux de restauration. C’est elle qui, consciente de la richesse historique de son héritage familial, a créé le Musée de l’Éventail dans les locaux de l’atelier.

AU MUSÉE EN PÉRIL

Les Croqueuses de Paris au Musée de L'ÉventailAurélie choisira de dessiner la petite table de travail d’Anne, placée en pleine lumière, juste devant la fenêtre par laquelle on devine l’agitation parisienne. L’endroit est fascinant, comme le sont si souvent les ateliers d’artistes : débordant de boîtes à trésors, de gabarits, d’outils aux pouvoirs inconnus, d’ingrédients mystérieux, de dentelles et de poudres d’or.

Véronique, de son côté, tentera de rendre l’atmosphère à la fois chaleureuse et impressionnante du magnifique salon d’exposition de style Henry II, avec sa cheminée monumentale, ses meubles à tiroirs en noyer, son plafond à caissons et ses murs tapissés de drap bleu brodé de fil d’or. La pièce est d’ailleurs classée « Monument Historique » depuis 2004…

Au cas où la perte de ce trésor vous attristerait autant que nous, vous pouvez – au choix… ou tout à la fois :

Mais oui, chers Crocœurs, pensez à la Fête des Mères, aux anniversaires à venir ou au plaisir tout simple de recevoir un petit courrier dans sa boîte aux lettres ! Nous nous sommes engagées auprès d’Anne et Katia à reverser le bénéfice des ventes du mois de mai dans la cagnotte du musée.

Les Croqueuses de Paris ne roulent pas sur l’or… mais à force de sorties annulées d’une part et de cartes postales vendues jusqu’au bout de la Terre de l’autre (de Los Angeles à Auckland, de Singapour à Ottawa… merci merci ♥) nous avions quelques petits sous en poche. Or, impossible pour nous de voir mourir sans réagir cette mémoire artisanale et artistique en plein cœur de Paris : s’il vous plaît, préservons-la ensemble !

 

Les Croqueuses de… Giverny !

Les Croqueuses de… Giverny !

Attention, grande première ! Il y a de cela plus d’un an, Les Croqueuses ont franchi non seulement les frontières de la petite et de la grande couronnes, mais également celles de l’île-de-France. Elles se sont joyeusement affranchies de Paris et de sa banlieue pour s’aventurer jusqu’en Normandie… Récit !

JARDIN TABLEAU

Quitte à faire quelques kilomètres, autant que le programme soit bien rempli : nous visiterons d’abord les jardins et la maison de Claude Monet, puis le Musée des Impressionnismes et sa superbe exposition temporaire – nous en avons déjà parlé, lorsqu’elle était encore d’actualité. Nos billets ont été pris d’avance ; nous entrons donc chez le « Pape des Impressionnistes » par la porte de côté, en longeant le vieux mur sous les (futurs) kiwis.

Que dire d’original sur ces jardins ? Tout y est si beau, si pensé, si spectaculaire ! On a juste envie de se taire. De s’asseoir au bout d’une allée ou au bord d’un bassin… Et de croquer cette nature épanouie, foisonnante, là, comme ça, tout de suite, sur le motif. Alors, c’est ce qu’on fait. Comme d’habitude. À deux blotties sur un banc, ou debout seule, au bord de l’eau. Seule ? Non, pas vraiment. Nous dessinons tant bien que mal, immobiles au milieu du flot continu et parfois bruyant des touristes – nos semblables, il faut bien l’avouer…

Pourtant, pas de regret. La beauté des jardins et leur art d’avaler toute présence humaine dans son abondance de feuilles, de fleurs, de plantes, de hampes, de tiges, de thyrses… nous font souvent oublier la foule. Et puis, certains coins sont moins visités que d’autres. Nous les cherchons, les trouvons. Par ailleurs, le fait de rester un long moment au même endroit, pour dessiner, permet de goûter intensément de très beaux instants de solitude, comme plongées soudain dans un immense bain de couleurs – un tableau végétal, un chef-d’œuvre vivant.

MAISON PALETTE

La maison, elle aussi, nous offre ses couleurs. Le rose des murs extérieurs dialogue avec le vert des volets et des bancs. Le jaune éblouissant de la salle à manger – où La Grande Vague, célèbre estampe d’Hokusai est exposée – avec le rouge des tomettes et le bleu des faïences. Le calme doux des beiges, des mauves et du bois chaleureux des chambres, avec l’explosion de verdure insensée, projetée depuis le jardin à travers les fenêtres. Chaque pièce a son caractère et le tout, son harmonie singulière. S’y promener, en s’imaginant se poser quelques minutes pour admirer les estampes japonaises, croquer les bouquets sur les tables ou prendre un thé dans un fauteuil à fleurs… quel bonheur !

Mais revenons à la réalité : le temps passe et après la visite des jardins puis de la maison, il ne nous reste plus qu’à sortir par la boutique… Celle-ci est installée dans le vaste atelier où Claude Monet a peint les Nimphéas pour l’offrir à la France le 11 novembre 1918, jour de l’Armistice, comme monument à la Paix. Ce don de l’artiste se fera non sans peine par l’intermédiaire de son ami Georges Clémenceau, dont il partage les idées républicaines. Si ce n’est déjà fait, allez les voir – oui oui, c’est un impératif ! – au Musée de l’Orangerie. À noter que la boutique vend, entre les sachets de graines et les décorations de Noël en tissu, la version américaine du bel album écrit par notre Croqueuse Véronique et illustré par Bruno Pilorget : The Great Wave ! (Trop fières !)

En résumé, malgré la foule et la pluie intermittente, Les Croqueuses ont adoré cette visite – la 4ème pour Véronique, chauffeuse occasionnelle de la troupe, qui a eu la chance depuis d’y retourner en automne. « Les couleurs y sont encore plus belles qu’au printemps ! » affirme-t-elle, enthousiaste. Et c’est bien là l’enjeu de l’œuvre de Monet : saisir l’insaisissable, cette beauté changeante et sans cesse renouvelée de la nature au fil des heures, des jours, des saisons, de la vie…

Post-scriptum : pour voir nos dessins en train de se faire, rendez-vous sur YouTube où la vidéo de notre visite est en ligne ! Deux autres séries de quatre dessins ont été faits depuis, en télé-croquis d’après nos photographies, pendant le confinement. Vous les trouverez ici et !

{ Infos Pratiques }

En 2020, la Fondation Claude Monet a ouvert ses portes à partir du 8 juin et jusqu’au 1er novembre, tous les jours de 9h30 à 18h. Attention, la réservation en ligne est désormais obligatoire (date et créneau horaire à choisir) ainsi que le port du masque.

Le plus vieux café de Paris

Le plus vieux café de Paris

Aujourd’hui, Les Croqueuses vous emmènent déguster un petit cappuccino dans un endroit mythique*: Le Procope, plus ancien café de la capitale !.!

« Le café est très en usage à Paris : il y a un grand nombre de maisons publiques où on le distribue. Dans quelques-unes de ces maisons on dit des nouvelles, dans d’autres on joue aux échecs. Il y en a une où l’on apprête le café de telle manière qu’il donne de l’esprit à ceux qui en prennent : au moins, de tous ceux qui en sortent, il n’y a personne qui ne croie qu’il en a quatre fois plus que lorsqu’il y est entré. »

Extrait des Lettres Persanes, Montesquieu.

En réalité, l’établissement d’origine, fondé en 1686 par Francesco Procopio dei Coltelli, un immigré sicilien considéré comme le père de la crème glacée – béni soit cet homme*! – a fermé en 1890 et seulement rouvert en 1957, sous le même nom mais en devenant restaurant. Il faut dire qu’entre temps, l’endroit avait été occupé par diverses affaires, notamment un Bouillon Chartier. Depuis, Le Procope est passé aux mains des Frères Blanc, propriétaires de nombreuses brasseries parisiennes, eux-mêmes rachetés ensuite par le Groupe BertrandAngelina, Au Bureau, Bert’s, Café Leffe, Burger King France, etc. Bienvenue au XXIème siècle…

Mais qu’importe. Une fois poussées les portes du Procope, la magie opère et l’on se prend à remonter le temps. Le mieux est d’entrer côté «*cour du Commerce Saint-André*» – joli passage pavé chargé d’histoire, où la façade est plus modeste. Plaques souvenirs, portraits de philosophes, table de Voltaire, citations, cloche de Marat, bicorne de Bonaparte… dedans comme dehors, les murs témoignent de l’intense bouillonnement intellectuel, à la fois culturel et politique, du vieux café.

Situé face à l’ancienne Comédie Française, ce fut d’abord un lieu d’artistes et d’auteurs de théâtre. Puis vinrent les philosophes des Lumières. Diderot, dit-on, y rédigea quelques uns des articles de l’Encyclopédie et Benjamin Franklin, une partie de la future Constitution des États-Unis. Les hommes de la Révolution en firent ensuite leur QG – Danton, Desmoulins, Marat, Robespierre… – mais le temps passe encore et bientôt ce sont les grands auteurs du XIXème siècle qui s’y retrouvent. George Sand et Alfred de Musset, Balzac, Victor Hugo, Théophile Gautier, Anatole France, Verlaine, Oscar Wilde… quelle clientèle intimidante !

Mais, en ce milieu d’après-midi, le Procope est désert. On dessert les dernières tables du déjeuner en attendant de dresser le couvert du soir… Les Croqueuses de Paris se glissent sur les banquettes rouges et se réchauffent au cappuccino. Nous avons dessiné, fort concentrées toute la matinée, à la Grande Mosquée : alors, maintenant, on lâche les carnets, on laisse les crayons. Place aux rires et aux bavardages ! Comme vous le verrez ci-dessous, Voltaire, qui nous écoute discrètement, n’en sera pas défrisé pour autant ! Plus tard, lors d’une séance de « télé-croquis » improvisée faute de trains pendant les grèves, Anne peindra la jolie devanture de ce « monument » que l’on peut visiter assis en dégustant une madeleine – référence littéraire oblige ! 😉

 

{ Infos Pratiques }

Le Procope se situe au n°13 rue de l’Ancienne Comédie, Paris 6ème. Métro Odéon. Il est ouvert tous les jours de midi à minuit – jusqu’à 1h00 les jeudi, vendredi et samedi soirs. Renseignements au 01 40 46 79 00.