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Paris-Plages ? Paris-Port !

Paris-Plages ? Paris-Port !

Tout le monde connaît « Paris-Plages » – opération estivale inventée en 2002 – mais qui sait que la capitale accueille un vrai port en son sein ? Si si, avec une capitainerie et tout ce qu’il faut de bateaux, de pontons et même de mouettes !

Le fossé de l’Arsenal fut d’abord un marais, où les Parisiens du XVème siècle venaient pêcher la grenouille. Il devint ensuite un bassin, à flot pendant les périodes de crue, répondant tantôt aux besoins militaires tantôt à ceux du commerce. Y transitent essentiellement du blé, du bois et du vin, venus tout droit de Bourgogne au fil du courant… Et quel courant ! (Tous les Bourguignons savent que ce n’est pas la Seine qui coule à Paris, mais l’Yonne évidemment. ^^)

L’essor chaotique du port, tout au long des XIXème et XXème siècles, accompagne la création des canaux de Paris pour devenir, en 1983, ce port de plaisance un brin nonchalant. Il est désormais bordé d’un jardin où il fait bon croquer… notre pique-nique.

C’est à la terrasse du café du port, crayons toujours en mains, que nous regardons le ciel rosir de plaisir, le Génie de la Bastille courir après des nuages de barbe à papa et le soleil se coucher doucement sur cette journée bien remplie, commencée dans une gare et finie dans un port… Ah, Paris !

Paris en mode Décor

Paris en mode Décor

À quelques pas de la gare de Lyon et de sa grande agitation se cache une petite rue tranquille, charmante et colorée, connue dans le monde entier : Cremieux Street!

Souvent totalement ignorée des Parisiens eux-mêmes, cette longue allée piétonne déchaîne pourtant les passions jusqu’en Australie, au même titre que Montmartre ou la Tour Eiffel. (Vous ne nous croyez pas ? Voici une autre preuve.) On parle aussi de the most colorful street in Paris au Canada – ici et – ou encore aux USA

Par ailleurs, les  « blogueuses mode » et autres « youtubeuses » françaises raffolent des couleurs acidulées de la rue. Elles en usent, et en abusent, comme décor pour leurs prises de vue : le site de Femme Actuelle évoque le sujet avec humour. Tout cela contribue à la renommée internationale de cette rue inconnue, notamment sur Instagram. De quoi piquer la légendaire curiosité des Croqueuses, non ?

Et, en effet ! Nous n’y sommes restées que deux heures et pourtant, nous en avons vu défiler, du (joli) monde ! Pour commencer, nous assistons à un shooting de jeunes mariés. Était-ce un vrai couple ? Ou des mannequins payés par une créatrice ? Mystère… Nous nous retrouvons ensuite au milieu de touristes américains – genre équipe sportive en déplacement à Paris – venus spécialement visiter la rue et, bien sûr, s’y prendre en photo sous toutes les coutures. Même chose avec un couple d’amoureux, puis plusieurs petits groupes de deux ou trois jeunes filles. Est-ce une maladie contagieuse ? Nous finirons par céder à l’ambiance générale et prendrons la pose, nous aussi.  😀

Les blogueuses, les mannequins, les amoureux, les touristes, les photographes, les Croqueuses… OK. Mais, et les Parisiens ? Apprécient-ils cette débauche de couleurs pimpantes ? Eh bien, oui. Comme cette passante qui nous avoue faire un détour, chaque matin, pour se rendre à son travail en empruntant la rue Crémieux plutôt qu’une autre : c’est son petit secret, dit-elle, pour bien démarrer la journée. Plus tard, une petite dame de 92 ans, sortant faire ses courses toute pomponnée, nous racontera au passage quelques épisodes croustillants de la libération de Paris…

Conclusion des Croqueuses ? The most colorful street in Paris vaut le coup d’œil, et de crayon. Elle est bel et bien devenue l’un des hauts lieux du « haut en couleurs » parisien !

Paris en Bleu et Or

Paris en Bleu et Or

Vendredi, pour leur toute première session d’automne, Les Croqueuses se sont retrouvées gare de Lyon, dans le 12ème arrondissement. Un rendez-vous dans une gare ? Allions-nous partir en voyage ? Eh bien… oui. Un voyage dans le temps. Car, monter dans ce train-là, dont la voie n’est jamais annoncée mais qui domine tous les quais du Hall 1, c’est partir à l’envers et retourner au Paris de la Belle Époque.

Le Train Bleu, superbe restaurant pourtant très sobrement nommé « le buffet de la gare » jusqu’en 1963, est né grâce à l’Exposition Universelle de 1900. Avec le métro, les Grand et Petit Palais, le Pont Alexandre III ou la gare d’Orsay – devenue depuis le beau musée que l’on sait. Mais, pas de jaloux : Jean Cocteau, grand habitué du restaurant, le décrivait justement comme un musée. Difficile de lui donner tort !

Dès la porte tambour passée, on est ébloui par la richesse du décor. Murs et plafonds sculptés, toiles peintes, lustres et mobilier… tout dans la Grande Salle (dite Réjane) ou chacun des Salons (Doré à droite et Orientaux à gauche) est une invitation au voyage à travers la France jusque sur l’autre rive de la Méditerranée. Commandées par le PLM (la Compagnie du chemin de fer Paris-Lyon-Marseille), les 41 toiles représentent les villes du réseau ferroviaire. Bien que réalisées par 27 peintres différents – des « petits maîtres » comme l’on disait alors, souvent originaires des lieux représentés – ces œuvres ont en commun de rendre hommage à la lumière éclatante du Sud. Plus prestigieux, François Flameng (1856-1923) et Guillaume Dubufe (1853-1909), se voient confier les allégories de Paris et Lyon dans la Salle Réjane ; tandis qu’au plafond du Salon Doré, Henri Gervex (1852-1929) peint Nice, la Guerre des Fleurs. Ces trois artistes sont des habitués des grands chantiers de l’époque : la Comédie française, l’Opéra comique, l’Hôtel de Ville ou encore la Sorbonne… Et dire que tout cela faillit disparaître dans les années 60 !

Finalement classé « Monument Historique » en 1972, grâce à l’intervention d’André Malraux et du cinéaste René Clair notamment, ce témoignage grandiose du Paris de la Belle Époque échappe définitivement à la démolition. Le Train Bleu – en référence au train de luxe, bleu et or, qui desservait la Côte d’Azur – devient un mythe. Pour preuve, ces nombreux films où il est à l’honneur : La Maman et la Putain (Jean Eustache, 1973), Nikita (Luc Besson, 1990), Place Vendôme (Nicole Garcia, 1998), Filles uniques (Pierre Jolivet, 2003), Les Vacances de Mr Bean (Steve Bendelack, 2007), Micmacs à tire-larigot (Jean-Pierre Jeunet, 2009)… Et depuis, rénové, il a encore embelli.

Ouf, quel curriculum ! Les Croqueuses vont devoir l’oublier un peu avant d’oser dégainer leurs crayons. D’ailleurs, nous commençons plutôt par saisir nos fourchettes. En version sucrée ou salée, nos petits-déjeuners complets (24,50 €) se révèlent à la hauteur du lieu mais aussi de l’accueil, plein d’attention. Les œufs brouillés au saumon sont fondants, les tartines et viennoiseries délicieuses, la brioche aux pralines à la fois moelleuse et croquante, les jus et salade de fruits – comme la faisselle et son coulis – tout frais… Bref, un régal. Ce menu raffiné n’en est pas moins copieux : nous avions dans nos sacs un pique-nique pour le midi, que nous ne sortirons pas avant 17 heures.

Allez, assez croqué. Croquons maintenant ! À l’aquarelle ou aux crayons, nous avons tenté de rendre la richesse du décor et ses belles perspectives tracées par des rangées de tables, si impeccablement dressées. Mais nos photographies (et tout bientôt la vidéo) ne seront pas de trop pour compléter la visite.

Les Croqueuses remercient chaleureusement le personnel, en particulier Mme Isabelle Chasselin, pour sa confiance et sa disponibilité. Nous ne pouvons que vous encourager à vous offrir – le temps d’un thé délicatement parfumé ou plus si affinités – un voyage vers la Belle Époque, à bord de ce train magique…

{ POST-SCRIPTUM }

À noter, pour les petits curieux qui cumulent (!) gourmandise et passion des transports ferroviaires, l’existence d’un autre restaurant étonnant : Le Wagon Bleu, installé dans une voiture du mythique Orient-Express. Il vous attend juste au-dessus des voies de la gare Saint-Lazare, au 7 de la rue Boursault. De taille et d’allure évidemment plus modeste, c’est un établissement plein de charme, festif à ses heures et qui sert une excellente cuisine corse. (L’une des Croqueuses a testé. Eh oui, la vie est dure… ^^)

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Une tarte à la Halle

Une tarte à la Halle

Pour déjeuner à Montmartre, le café de la Halle Saint-Pierre (haut lieu de l’art brut/outsider/singulier) est idéal. Ses assiettes sont généreuses : une belle part de tarte, accompagnée de deux salades composées, vous coûtera 10€. Et pour 3 ou 4 de plus, le choix des desserts est… embarrassant ! Amandine aux framboises, crème citron meringuée, tartelette aux figues et pistache, ils sont tous assez tentants. Ajoutez un endroit spacieux, tranquille, où les yeux et l’esprit peuvent aussi se nourrir – à l’exposition ou la librairie. Qui dit mieux ?

Une fois nos batteries (et celles de nos crayons) 100% rechargées, nous reprenons la séance de croquis – en extérieur, cette fois.

Paris, c’est coton !

Paris, c’est coton !

Mais pas seulement  🙂 car dans le quartier du Marché Saint-Pierre, on trouve toutes les matières textiles : de la suédine à la soie, du Bemberg au velboa, de l’uni aux imprimés – liberty, léopard ou rayé. Bref, ce matin, nous allons croquer dans un magasin.

Comment se glisser parmi les clients, où s’installer pour dessiner à l’aise sans gêner l’activité autour ? Plusieurs tactiques sont possibles. Nous avons d’abord pensé appeler pour prévenir et demander l’autorisation. Mais l’ambiance générale étant ce qu’elle est, nous avons craint de n’être pas comprises, de susciter la méfiance et de nous retrouver finalement dans l’impossibilité d’entrer. Nous avons donc préféré y aller au culot et voir venir les réactions…

Chacune de nous a opéré à sa façon. Véronique a opté pour la discrétion, dénichant un endroit tranquille au rayon des nappes à carreaux et autres toiles cirées rétro – personne à déranger ! Fabienne a craqué pour les Toiles de Jouy et la vue sur tout l’étage que celles-ci lui offraient. Polie, elle demanda la permission de dessiner au vendeur le plus proche, qui s’avéra être lui-même un toqué du crayon ! « Quand je n’ai pas de client, je dessine au dos de mon carnet de commande. Le magasin, je le connais par cœur et pourrais le croquer les yeux fermés. » Ses collègues vinrent, l’un après l’autre, jeter quelques coups d’œil histoire de surveiller l’avancée du dessin et la justesse de la perspective – coton, celle-là, pour le coup ! Quant à Aurélie, elle a débusqué le meilleur des plans : nous l’avons retrouvée au tout dernier étage, dans une ambiance douce et feutrée, assise sur le plus confortable des matelas, profitant d’une vue imprenable sur (les palmiers de la terrasse et) le Sacré-Cœur – sacrée Aurélie, oui !

Les Croqueuses remercient chaleureusement les vendeurs très aimables qui les ont accueillies et encouragent les mordus de couture à venir se fournir auprès d’eux – promis, on vous donnera des nouvelles du (futur) sac en Toile de Jouy de Fabienne.  😉

Et si vous n’êtes pas intéressés par les tissus, montez direct au 5ème étage : vue splendide garantie !

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